Napoélon III, visionnaire de l'Europe des Nations

  

Le Figaro Magazine du 22 octobre 2010

 

 

 

11 y a une légende noire de Napoléon III : Napoléon le Petit (Hugo), l'homme du 2 Décembre, le vaincu de Sedan... Zola le méprise, Marx le déteste, et la III République ne le porte pas dans son cœur. Aussi Gaël Nofri entend-il réhabiliter ce « grand souverain ». Napoléon III, affirme-t-il, modernisation de la France : on lui doit la transformation de Paris, la croissance du réseau ferroviaire, le développement du secteur bancaire. Mieux, ce visionnaire travaillera à l'émergence de l'Europe des nations, contribuant à la naissance de l'Italie et de la Roumanie. On n'est pas obligé de suivre l'auteur dans cette admiration sans bornes. Son livre, tout d'enthousiasme et de ferveur, est autant un livre d'histoire qu'une plaidoirie. Mais c'est aussi ce qui le rend agréable à lire.

 

CHARLES-HENRI D'ANDIGNÉ

 

 

 

Jean-Paul BLED, les Cahiers de l'Indépendance n°12:

 

Voici plus d’un siècle et demi que Napoléon III est la victime d’une légende noires nourrie des accusations proférées d’abord par Hugo dans Les Châtiments et Napoléon le Petit, puis par Zola dans les Rougon Macquart. Les pièces à charge de ce procès sont connues : le cout d’Etat du 2 décembre 1851 et la défaite de 1870 suivie de la perte de l’Alsace-Lorraine. Contre ce poids très lourd qui pèse sur l’inconscient collectif, Gaël NOFRI relève le défi et se fait dans ce livre très réussi l’avocat éloquent du dernier souverain à avoir régné sur la France.

 

Il n’élude pas les griefs  majeurs formulés contre Napoléon III. Ceux-ci ne peuvent pour autant occulter la part brillante du bilan Second Empire. Gaël NOFRI insiste avec justesse sur le premier grand apport du règne que fut la modernisation de la France. Amorcée avec timidité par la Monarchie de Juillet, elle prend son élan sous l’impulsion personnelle de Napoléon III. De cette œuvre de modernisation, la transformation des Paris est sans doute un des volets les plus spectaculaires. On ne dira jamais assez que le Paris de 2010  est encore largement la ville réorganisée selon le plan d’urbanisme conçu par l’Empereur.

 

Disciple pragmatique de Saint-Simon, Napoléon III ne concevait pas l’essor du capitalisme sans un souci très fort de la condition ouvrière. Contre l’avis de beaucoup de ses proches, l’auteur de l’Extinction du Paupérisme n’a cessé de porter à la question sociale une attention qui n’était guère courante chez les gouvernants de l’époque. Ce n’est certes pas une mince réforme que la reconnaissance du droit de grève qui annonçait la légalisation des syndicats par la IIIe République.

 

Ainsi que Gaël NOFRI le souligne, la grandeur de Napoléon III tient aussi à ce qu’il se montre souvent un visionnaire. Il l’est quand il œuvre à l’émergence d’une Europe des Nations. Il l’est encore quand il veut transformer l’Algérie en un « royaume arable ».

 

Il n’est pas facile de trouver dans Napoléon III des accents gaulliens avant l’heure. Philippe Seguin avait déjà relevé cette filiation idéologique. Gaël NOFRI la souligne à son tour. On n’oubliera pas que le Second Empire puise sa légitimité dans la volonté populaire. Ce lien personnel entre l’Empereur et le peuple est confirmé jusqu’au dernier plébiscite de mai 1870.

 

Ecrit d’une plume alerte, ce plaidoyer peut d’autant mieux emporter la conviction qu’il ne cherche pas à cacher les zones d’ombre et ne verse jamais dans la caricature. A de titre aussi Gaël NOFRI fait œuvre d’historien.

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